Rencontre autour de la pensée de Sartre à l’Université Vanderbilt (France).
Laurence Vanin-Verna fut l’invitée du professeur et auteur William Franke, Docteur en littérature comparée, à l’Université Vanderbilt en France (Aix en Provence), le mardi 30 septembre dernier pour aborder la philosophie existentialiste de Sartre.
Cette rencontre conviviale a permis de développer la pensée sartrienne et la dynamique intellectuelle du couple Beauvoir/Sartre devant des étudiants américains particulièrement intéressés à la philosophie existentialiste et à la culture française. De nombreux concepts tels que ceux de la liberté, du choix, de la responsabilité et la mauvaise foi furent expliqués. Les questions et différents échanges ont permis d’éclaircir ces idées pas toujours simples à comprendre. Cette rencontre a mis en évidence l’importance de la « disputatio » pour favoriser la prise de conscience du sens. Une belle initiative !
J’adresse mes chaleureux remerciements à William Franke et à la direction de l’Université Vanderbilt France ainsi qu’aux sympathiques étudiants pour la qualité de leur accueil.
Dr. Laurence Vanin-Verna was invited by professor and author William Franke, PhD. in comparative literature, to discuss the existentialist philosophy of Jean-Paul Sartre at University Vanderbilt-in-France Aix-en-Provence
This informal encounter served to develop the thought of Sartre and the intellectual dynamic between Sartre and Simone de Beauvoir in the presence and with the participation of American students interested in existentialist philosophy and French culture. A number of concepts such as freedom of choice, responsibility and bad faith were elucidated. The questions and exchanges enabled a better comprehension of some particularly challenging ideas. The encounter brought out the importance of “disputatio” in fostering the creation of consciousness of meaning. An inspiring endeavor !
I offer my warm thanks to William Franke and to the director of Vanderbilt-in-France as well as to the students for their friendly and perceptive reception.
Extrait du livre :
Pourquoi philosopher ? Les chemins de la liberté.
La philo ouverte à tous. N°1. Editions Ellipses
« Liberté et responsabilité : affirmation créatrice de la vie
S’il n’existe rien, en dehors de l’existence terrestre, s’il n’y a pas d’arrière monde, si Dieu n’est qu’une fiction humaine pour atténuer nos peurs, que nous reste-t-il ? Vivre. Pleinement. Intensément. Exister consiste à surmonter l’absurdité de l’existence et à assurer la liberté et l’engagement qu’elle implique.
Il nous faut profiter («profiter» est à entendre ici dans sa forme épurée, ascétique) de la vie, de chaque minute qui nous est accordée pour parfaire nos œuvres, afin de n’avoir à rougir d’aucun de nos actes.
A ce propos, Sartre[1] disait « qu’être mort, c’est être en proie aux vivants », cela sous-entend que non seulement nous sommes responsables de notre projet mais qu’en plus il sera jaugé par les autres. Nos actions seront livrées au regard des autres, elles seront évaluées en fonction du souvenir plus ou moins respectable que nous leur aurons laissé. Et s’il n’existe pas de blâme funéraire, les mécréants seront condamnés par l’Eternel, ou par les vivants. C’est dire la responsabilité qui est la nôtre. Nous faisons de notre vie, ce que nous voulons bien en faire. Et c’est difficile que de jouer un rôle dans son propre destin !
“Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses. Ainsi, la mort n’est rien de redoutable, puisque, même à Socrate, elle n’a point paru telle. Mais le jugement que nous portons sur la mort en la déclarant redoutable, c’est là ce qui est redoutable. Lorsque donc nous sommes traversés, troublés, chagrinés, ne nous en prenons jamais à un autre, mais à nous-mêmes, c’est-à-dire à nos jugements propres. Accuser les autres de ses malheurs est le fait d’un ignorant ; s’en prendre à soi-même est d’un homme qui commence à s’instruire ; n’en accuser ni un autre ni soi-même est d’un homme parfaitement instruit.”[2]
Nous sommes donc pleinement responsables de nos choix. En définitive nous ne pourrons pas imputer nos fautes à d’autres, ni aux circonstances. Aucun motif ne pourra être évoqué pour justifier nos maladresses, nos erreurs, nos fautes de goût, nos manquements. Même la mauvaise foi ne pourra servir d’échappatoire.
En conséquence, l’homme, conscient du poids de ses actes, doit choisir avec prudence et avec davantage de lucidité.
Il ne peut être désespéré face à la fuite du temps puisqu’il comprend que la temporalité de son existence lui appartient. Il en fait ce qu’il veut, c’est pourquoi il est créateur et se détermine par ses choix. L’homme doit échapper par lui-même à sa misérable condition. La joie de vivre trouve son fondement dans la satisfaction d’intervenir dans le cours des choses. Elle enseigne à l’homme qu’il a la possibilité de se perfectionner. La fluidité du temps n’est pas seulement ce que nous subissons, ce qui est détruit à mesure qu’il passe. Le temps qui m’est imparti désigne la promesse de possibilités de dépassement et de réalisation. L’homme est engagé dans le monde. Il y exerce sa liberté et sédimente son rapport aux êtres et aux choses. Il existe aussi des « lendemains qui chantent » ».
Laurence Vanin-Verna
[1] Jean-Paul Sartre (1905-1980). Philosophe français connu pour ses engagements politiques et sa philosophie de la liberté. Il est le représentant de l’existentialisme. Ce qui signifie que l’homme n’est pas un être assujetti à un destin. Au contraire sa vie procède de la succession des choix qu’il va faire.
[2] Le Manuel, Epictète, §5. Epictète (vers 50-130). Philosophe grec, sa philosophie consiste à donner des conseils pour vivre serein en conformité avec la morale stoïque.
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